Il est loin le temps où nous étions aux prémices de ce qui allait devenir une pratique encadrée et un marché organisé tels que nous les connaissons aujourd'hui.
Evidemment, il en a fallu du courage et de l'abnégation pour entamer ce parcours semé d'embuches. Quelle idée saugrenue que de vouloir encadrer et contrôler la bonne pratique du rite Halal dans la chaine de l'abattage ? Nous ont clairement fait comprendre les premiers à découvrir notre projet.
Pourquoi en effet développer cette idée ? C'est tout simplement à partir du constat que nous avons pu faire à l'époque en examinant les pratiques commerciales et habitudes de la société française, qui mettait en évidence qu'il existait des labels de toutes sortes concernant la filière alimentaire et notamment dans le secteur de la boucherie.
Ces labels permettaient de valoriser les produits étiquetés par ceux-ci du fait de la rigueur de leurs cahiers des charges, contribuant ainsi à rassurer le consommateur sur l'origine, la traçabilité, le travail et les contrôles effectués, garantissant la qualité du produit labellisé.
En nous tournant vers le marché du Halal ... rien n'existait. Tous les consommateurs musulmans ayant eu à faire leur marché à cette époque peuvent encore en témoigner. Tout était fait à “l'à peu près” avec une approche quasi-artisanale, sans réelles garanties. Cela fonctionnait à la confiance, celle de son artisan boucher. Il y avait bien des initiatives personnelles ici et là, mais rien de sérieusement organisé et surtout sans vision globale du marché, celle nécessaire à l'expansion prévisible d'un marché destiné à des consommateurs musulmans demandeurs de produits de qualité en boucherie et en |
“prêt à manger”, disponibles en grande surface et avec la garantie du respect le plus scrupuleux de leurs pratiques religieuses.
Partant de ce postulat, comment en effet, pouvoir convaincre efficacement les géants de la grande distribution et de l'industrie agro-alimentaire qu'il leur serait possible d'élaborer des produits à destination des consommateurs musulmans ? En tant que professionnels avisés, ils ne veulent investir un nouveau marché, aussi prometteur soit-il pour eux, que s’ils ont la certitude et les garanties de le faire efficacement afin de faire mouche auprès des consommateurs concernés.
Les musulmans devaient-ils continuer à être exclus des circuits traditionnels de distribution et de consommation habituels pourtant accessibles au plus grand nombre et ainsi devenir plus tard des consommateurs de seconde zone avec un écart dans les pratiques d'achat se creusant toujours plus au fil de l'évolution des tendances ? Autrement dit devions-nous adhérer au laxisme ambiant ou agir en innovant dans l’intérêt du consommateur musulman ?
Pour notre part nous avons pensé que, comme tout individu d'une société moderne même laïque, les Musulmans devaient pouvoir être reconnus et consommer comme tout un chacun dans le respect de leurs traditions, de leur religion et de la législation. Pour ce faire, il nous paraissait donc évident qu'il fallait créer, à la manière d'un label de qualité, un label de certification Halal avec son propre cahier des charges, aussi strict que nécessaire afin de pouvoir “estampiller” les différents produits le méritant et élaborés par les acteurs concernés par ce marché. |